A partir de 1700, à Kuttolsheim, une communauté juive, relativement importante et autorisée par le Baillage d’Haguenau, dispose alors d'une synagogue construite et mise en service en 1822. La synagogue est rénovée successivement en 1843 et en 1905, dévastée en 1940 par la jeunesse du parti nazi puis, menaçant de s'écrouler, la synagogue est désaffectée en 1957 et complètement demantelée dans les années 1970.
La communauté juive à Kuttolsheim fait vivre un commerce florissant (bestiaux, cuirs, peaux, mais aussi friperie, ferraille, os pour fabriquer de la colle, lie de vin pour fabriquer la teinture de tissus, plumes, duvet d'oie pour fabriquer édredons et oreillers).
Cette même communauté juive fait non seulement de la récupération (de tout ce qui peut être utilisé après tri ou remis en état pour procéder à la revente), mais aussi du négoce en tout genre (grains, colportage), ou encore des prêts d'argent à court terme (au printemps notamment pour permettre aux agriculteurs de faire le joint entre deux récoltes).
La synagogue se trouvait "Rue des Remparts". Le bain rituel juif se situait dans un sous-sol "Ruelle des Bains".
Bain rituel juif au sous-sol.
Les Juifs étant toujours à la merci d'une expulsion, évitent l'acquisition de terres et tout engagement à long terme. Ceux-ci payent des taxes importantes « Schirmgeld » pour leur protection et vivent en périphérie du village.
En 1808 un décret napoléonien impose à tous les juifs de France d'adopter un patronyme définitif transmissible aux enfants, sachant qu'avant 1792, il n'existe pour eux aucun document d'état civil. Alors que les noms traditionnels tels que Bloch, Blum, Dreyfus, Lévy, Weil, etc… sont enregistrés ailleurs, à Kuttolsheim l’on trouve des Landerot, Longini, Norphuro, Perinot, Pioso, Philanthropos, Pompet, sachant que le «secrétaire de mairie de l'époque» est d'origine italienne et octroie ce type de noms selon son bon vouloir. Par le décret du 27 septembre 1791, ils sont déclarés « citoyens actifs » et toutes les mesures discriminatoires sont supprimées.
Jusqu'en 1882, la communauté juive bénéficie d'arrivants venus d'Allemagne ou d'Europe centrale ainsi que de la descendance des familles arrivées au cours du XVIIIè siècle. Après cette date, l'exode rural des effectifs s'amorce à cause du commerce rural restreint et du développement du commerce urbain.
La population juive a alors plus que doublé entre 1784 (63 personnes recensées) et 1882 (165 personnes recensées).